Un budget communal en forme de passoire
Lors du conseil communal du 22 décembre 2017, le groupe RPGPlus est intervenu sur le budget 2018 de la Commune de Gesves. Par la voix de Martin Van Audenrode, nous avons dénoncé une gestion des finances communales manquant de sérieux et proche de la rupture.
La situation financière de la commune est comme le temps de ces derniers jours : plutôt sombre… et on ne voit pas l’horizon en raison de la brume épaisse qui l’entoure :
Les fonds de réserve sont tous vides, aussi bien à la commune qu’au CPAS : il reste en tout et pour tout 48 cents ;
Les dépenses de transfert augmentent à presque tous les postes. Si les dépenses liées à la zone de secours sont stables, nous continuons à rembourser un prêt de 161 000 euros à la Province contracté en 2014 pour faire face à l’augmentation de notre contribution à la zone NAGE ;
La charge de la dette augmente : elle s’élève à 200 euros par habitant. Elle reste très élevée par rapport à la moyenne des communes wallonnes comparables à la nôtre (111 euros/habitant).
La répartition du Fonds des communes ne nous est pas favorable : nous sommes pénalisés entre autres en raison de la politique fiscale menée par la majorité (impôt sur les personnes physiques et précompte immobilier en-dessous de la moyenne wallonne tandis que des "taxes" diverses sans fondements réels sont réclamées aux citoyens) ;
L'évolution de la politique de la mise à la retraite et la réforme des pensions risquent d'avoir des conséquences budgétaires actuellement pas anticipées ;
Le budget ordinaire présente un très maigre boni de 11 000 euros.
Le fait marquant de ce budget est le retrait de diverses taxes, dont la tristement célèbre taxe sur les égouts : la majorité a cessé ses taxations illégales. On s’en félicite : la majorité n'aura mis que quatre ans pour comprendre ; il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Malheureusement le budget communal ne porte aucune réponse d’avenir. On fait le gros dos en attendant les élections parce que le groupe GEM a émis la promesse fallacieuse de ne pas augmenter les impôts. Fallacieuse, parce qu'en réalité, cette politique n'a été poursuivie qu'au prix d'une augmentation de la fiscalité déguisée : ce sont les multiples taxes levées arbitrairement ces 5 dernières années (taxe égout, taxe sur le transport funèbre, taxe sur les terrains non bâtis, augmentation des taxes sur les documents administratifs, etc).
En attendant, notre commune prend le risque de s’enfoncer dans l’incertitude.
Nos craintes se portent également sur le dossier « Sierpont » et sur son impact budgétaire potentiel : la majorité a obtenu une ouverture de crédit de 600 000 euros sur la base de la promesse de vente des terrains communaux de Sierpont. Or, aujourd’hui, aucune parcelle n’a encore été bâtie ni vendue. Si le projet de lotissement tombe à l’eau, comment allons-nous rembourser les 600 000 euros empruntés à la banque alors qu’on a déjà utilisé cette somme ?
La politique budgétaire et fiscale de cette majorité, c’est un peu du bricolage du dimanche : on prend les outils qu’on a sous la main, quelques matériaux pas vraiment adaptés et on espère que ça tienne deux-trois ans. Aujourd’hui, le mur menace de s’effondrer. Et que fait-on ? Rien.
Sur le fond, ce budget n’apporte que peu de réponses aux véritables enjeux qui touchent notre commune, comme le maintien à domicile des personnes âgées, la protection du cadre de vie et de l’environnement, l’accessibilité au logement,… petite exception au budget extraordinaire : l’investissement dans les voiries. Malheureusement on n’en profite pas pour travailler sur la sécurité routière, la réduction de la vitesse et la protection des usagers faibles.
Ailleurs à l’extraordinaire, aucune surprise : seulement des investissements connus depuis très longtemps en lien principalement avec la phase finale du Plan Communal de Développement Rural lancé au début des années 2000.
Monsieur Paulet ne voit dans ce budget « que du positif » et une « gestion parfaite ». Mauvaise nouvelle pour lui mais aussi et surtout pour les Gesvois, il faut modérer son optimisme et être honnête avec les citoyens : ce budget est tronqué, incertain et dangereux pour l’avenir. Un budget en forme de passoire.